« Le Brahmane et la mangouste ».
Un brahmane avait apprivoisé une mangouste. Elle était la gardienne de sa maison contre les souris, les rats et les serpents. L’homme était marié et son épouse lui avait donné un garçon qui était âgé de deux mois.
Un jour où le couple était occupé dans le jardin, un serpent s’introduisit dans la chambre où dormait le bébé et s’approcha du berceau. La mangouste, comme tous ses congénères, ne craignait pas les reptiles. Elle se jeta sur lui et le mit en pièces.
Elle se reposait sous la véranda de la maison quand le brahmane l’aperçut, la fourrure maculée de sang. Il crut que c’était celui de son fils et que la mangouste l’avait égorgé. Furieux, il la saisit et la tua.
Il courut ensuite à la chambre de l’enfant. Il découvrit sur le sol la dépouille sanglante du serpent et vit son fils qui souriait dans son berceau. Il comprit qu’il s’était trompé et avait injustement sacrifié la mangouste. Tout en serrant le bébé dans ses bras, il se demanda comment il avait pu agir ainsi, sans même se donner le temps de vérifier si ce qu’il imaginait correspondait bien à la réalité.
Il regretta son geste irréfléchi et et pris conscience que les conclusions hâtives et l’impulsivité généraient souvent l’injustice.
(extrait de « 54 contes des sagesses du monde », par Jean MUZI, Flammarion Jeunesse)