Ce soir-là, Nasreddine Hodja se coucha sans manger. Il faisait froid et sa couverture n’était pas très épaisse. « Si j’avais seulement quelques légumes, je me ferais une soupe parfumée au cumin, se dit-il. Je l’avalerais bien chaude et je cesserais de grelotter. » Il s’imaginait la savourant lentement quand quelqu’un frappa à sa porte. C’était le fils de ses voisins.
– Ma mère m’envoie pour savoir si tu n’aurais pas un peu de soupe à nous donner, car il ne nous reste que du pain.
– Ces gens-là ont un odorat particulièrement développé, ils arrivent même à sentir mes pensées ! s’exclama Nasreddine.
(Extrait de « Contes des sages et facétieux Djeha et Nasreddine Hodja » – Jean Muzi – éditions Seuil – reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur)